vendredi 2 décembre 2016

Plus qu'une grammaire

La création  du Consistòri del Gai Saber marque dans l'Occitanie centrale, annexée par la France 50 ans plus tôt, une prise de contrôle de la "création poétique" par l'Église et le pouvoir royal. Guilhem Molinier est chargé de mettre par écrit ces règles qui achèveront (par étouffement) la poésie des troubadours.


Les Leys d’amors ne constituent pas la première édition de l’oeuvre de Molinier. Une première version, connue sous le nom de Las flors del gay saber, a été rédigée vers 1340. Le manuscrit de 1356 est cependant plus court, et a certainement été revu pour une utilization facile par les "manteneires" (défenseurs). De plus, son edition par Joseph Anglade est complétée par un quatrième volume qui regroupe des études du célèbre philologue permettant de mieux comprendre cet ouvrage.

Le livre I des Leys d’amors commence par une histoire du Consistòri, puis présente un poème à Dieu et à la Trinité, une classification des sciences, une division de la rhétorique et des considérations variées. Cette édition inclut une introduction, ainsi que deux comptes-rendus par Clovis Brunel et Edmlond Faral. Cliquez ici pour lire ou télécharger le livre I des Leys d’amors (n°111 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.


Le livre II des Leys d’amors est un traité de poétique. Il aborde les sons, les rimes, les types de poésie et meme la portée géographique des lois, définissant des langues étrangères (lengatges estranhs). Contrairement à la première edition, le gascon ne figure pas dans cette liste, néanmoins il est considéré comme "éloigné" de la norme du Consistoire. Cliquez ici pour lire ou télécharger le livre II des Leys d’amors (n°112 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

Le livre III des Leys d’amors constitue la grammaire à proprement parler. Cliquez ici pour lire ou télécharger le livre III des Leys d’amors (n°113 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

Le quatrième volume de l'édition par Joseph Anglade regroupe plusieurs Études sur les leys d’amors par ce grand philologue, qui convainquit les romaniste d'utiliser le mot Occitan à la place de provençal pour designer notre langue dans son ensemble. Cliquez ici pour lire ou télécharger les Études sur les leys d’amors de Joseph Anglade (n°114 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.




dimanche 21 août 2016

Deux manuscrits pour un dictionnaire ancien occitan-latin

Alphonse Blanc (n. 1846) est un érudit languedocien qui publia plusieurs articles et livres sur la matière occitane dans les dernières années du XIXe siècle. Professeur au Collège de Narbonne, il est fait membre honoraire de la Commission Archéologique de cette ville en 1891. Le bulletin de cette société savante le mentionne encore en 1906.

En 1891, il publie dans la Revue des Langues Romanes cet article sur le dictionnaire ancien occitan (qu'il nomme provençal)-latin inclus dans deux manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France (Ms. 7657 et Ms. 7685). Il montre qu'il s'agit de copies tardives du même texte, qui date de la fin du XIVe siècle ou du début du XVe. Il limite la liste des entrées à celles ne figurant pas dans le dictionnaire de Raynouard (voir DELO n°52 à 63). Cette réédition est accompagnée d'une liste des publications d'Alphonse Blanc.

L'article est extrait d'une copie numérisée de la Revue des langues romanes publiée sur Gallica.

Cliquez ici pour lire ou télécharger Alphonse BLANC. Vocabulaire Provençal-Latin (n°110 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

jeudi 31 mars 2016

La découverte des vaudois de Calabre

Giovenale Vegezzi Ruscalla (1799-1885) était un romaniste classé parmi les linguistes "d'avant Ascoli". Ses recherches linguististiques faisaient une part importante aux considérations historiques et ethnologiques (il est l'inventeur du mot etnologia en italien). Il est connu pour ses enquêtes sur le piémontais, mais a aussi travaillé sur l'occitan parlé dans les vallées vaudoises du Piémont.

Missionné pour tracer une carte ethnique de l'Italie nouvellement unifiée, il publia l'article “Colonia piemontese in Calabria. Studio etnografico” sur les Occitans de Guardia Piemontese dans le numéro de 1862 de la Rivista contemporanea. À cette époquie, Guardia n'était pas encore appelée Piemontese, mais Vegezzi fournit les arguments pour ajouter cette épithète.

Vegezzi avait déjà publié un manifeste pour justifier du maintien de Nice dans le Royaume d'Italie (La nazionalità di Nizza, 1860). Il est également l'auteur d'un pamphlet réclamant l'éradication du français dans les vallées vaudoises et le Val d'Aoste (Diritto e necessità di abrogare il francese come lingua ufficiale in alcune valli della provincia di Torino.)

Mais son principal centre d'intérêt n'était pas l'occitan. Vegezzi fut le premier professeur de roumain de l'Université de Turin, et un ardent militant pour l'émancipation et l'unification des principautés roumaines. L'article est extrait d'une copie numérisée de la Rivista contemporanea publiée sur l'Internet Archive.

Cliquez ici pour lire ou télécharger Giovenale Vegezzi RUSCALLA. Colonia piemontese in Calabria. Studio etnografico (n°109 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

lundi 14 mars 2016

Un vocabulaire aranais-catalan de 1915

Josèp Condò Sambeat était un ecclésiastique aranais et le premier écrivain majeur en occitan du Val d'Aran. Né en 1867 à Montcorbau, ordonné prêtre en 1891, il exerça son activité dans le Val d'Aran de 1905 à sa mort, en 1919 à Bossòst;

Auteur de poésies en catalan, il fut convaincu d'écrire en occitan par Bernard Sarrieu.

Son Vocabulari aranés fut publié en 1915 dans le Butlletí de dialectología catalana. Ces 27 pages d'une graphie vaguement phonétique comprennent des exemples intéressants de tournures idiomatiques. Les pages extraites ici proviennent de la numérisation réalisée par la Bibliothèque de Catalogne.

Nous avons ajouté la première publication de son célèbre poème “Era Val d’Aran” dans Revue de Comminges (1912), numérisée par l'Internet Archive.


Cliquez ici pour lire ou télécharger Josèp Condò SAMBEAT. Vocabulari aranés (n°108 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

dimanche 28 février 2016

L'origine géographique de l'ancien occitan littéraire

Heinrich Morf (1854-1921) était un universitaire suisse spécialiste de la dialectologie  (notamment de l'arpitan et du romanche; on lui doit le projet de dictionnaire des patois romands) et de la philologie romanes. En 1910, il commence à enseigner à l'Université de Berlin. L'année suivante, il est admis à l'Académie Royale des Sciences de Prusse. C'est dans les comptes-rendus de celle-ci, les Sitzungsberichte der königlich Preussischen Akademie der Wissenschaften, qu'est publié en 1912 son article sur l'origine de la koinè littéraire de l'ancien occitan (“Vom Ursprung der provenzalischen Schriftsprache”).

Deux comptes-rendus de son texte paraissent en 1913, dans le même numéro de la Revue des Langues Romane. L'un en italien, par Giulio Bertoni, l'autre en français par Juli Ronjat. Les deux apportent des corrections à certaines affirmations de Morf. Ainsi, Ronjat souligne que le mot lemosin s'appliquer à l'ancien occitan ("ancien provençal") dans son ensemble.

Nous avons extrait les pages des Sitzungsberichte der königlich Preussischen Akademie der Wissenschaften de la numérisation en ligne sur le site de l'Internet Archive. Les pages des comptes-rendus proviennent de la copie numérisée des Revue des Langues Romanes réalisée par la Bibliothèque Nationale de France (site Gallica).

Cliquez ici pour lire ou télécharger Friedrich MORF. Vom Ursprung der provenzalischen Schriftsprache, ainsi que les comptes-rendus de Bertoni et Ronjat (n°107 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

lundi 22 février 2016

La langue provençale ou langue d'Oc selon Frederic Mistral

Dès ses débuts à la tête du Félibrige, Frédéric Mistral s'implica fortement dans la rédaction de Armana Prouvençau, vitrine annuelle de la renaissance "provençale". Il y utilisait souvent des pseudonymes, comme "lou Felibre de Bello-Visto". En 1856, il publia sur quatre pages une introduction à la "langue provençale" avec une vision particulière des "parlers". Il en dénombrait quatre, celui du Rhône, le marseillais, le languedocien et le gascon.

Republier ce texte était l'occasion d'ajouter un certain nombre d'entrées du grand dictionnaire occitan-français de Mistral (lou Tresor dóu Felibrige) pour voir quelle était sa vision de la langue et de sa variété après s'être confronté à l'oeuvre d'Honnorat et aux remontées d'informations de félibres de "tout le Midi".

Il est évident que Mistral avait une vision large de la langue d'Oc ou provençal, correspondant à ce que nous appelons aujourd'hui occitan, et incluant parfois même le catalan. Ainsi, l'article lengo (langue) indique :

La lengo prouvençalo, la langue du midi de la France et de la Catalogne, nommée aussi lengo d'O, langue d'Oc, à cause de l'affirmation o (rom. oc), qu'elle emploie pour «oui».
L'article limousin  ajoute :

«La langue romane fut appelée limousine non seulement par les Italiens, mais encore et surtout par les Espagnols, chez lesquels elle fut longtemps en usage.» (Ducange). Cet usage de désigner la langue d'Oc ou langue provençale par le nom de langue limousine provient du lustre jeté sur elle par les troubadours limousins.
Cliquez ici pour lire ou télécharger les textes de Frédéric Mistral sur la langue provençale ou langue d'Oc (n°106 des Documents pour l’étude de la langue occitane) depuis le Site web de l'IEO Paris.

lundi 1 février 2016

Quand les Gascons parlaient Languedocien

La première édition du dictionnaire occitan-français de l'abbé Pierre de Boissier de Sauvages est parue en 1756 à Nîmes. Son titre complet est:  
Dictionnaire languedocien-françois ou choix des mots
languedociens les plus difficiles à rendre en François. Contenant un recueil des principales fautes que commettent dans la diction, & dans la Prononciation Françoise, les Habitants des Provinces Méridionales du Royaume, connus à Paris sous le nom de Gascons. Avec un petit Traite de Prononciation & de Prosodie Languedocienne. Ouvrage enrichi dans quelques-uns de ses articles de notes historiques et grammaticales, et d'observations de physique et d'histoire naturelle.


Cela souligne à la fois les incertitudes sur l'appellation de la langue occitane (languedocien, gascon...) et l'unité qu'il perçoit et répète d'ailleurs à l'article Franchimand que nous avons en partie reproduit en couverture.

Pour l'abbé, en 1756, les Occitans sont des Gascons qui parlent languedocien...

Pour des raisons de volume, nous avons scindé cette édition en deux parties. La première partie, avant les lettres A à D, inclut une critique de François Raynouard (parue en 1824 dans le Journal des Savants) sur la troisième édition de ce dictionnaire, réalisée en 1820-1821 par le petit-neveu de l'abbé de Sauvages (et déjà publiée dans notre collection). La seconde partie comporte les lettres E à Z.


Le dictionnaire provient de l'Internet Archive. L'extrait du Journal des Savants provient de Google Livres.

Cliquez ici pour lire ou télécharger le Dictionnaire languedocien-françois édition de 1756 A-D de l'abbé de Sauvages (n°104 de la collection Documents pour l'étude de la langue occitane) depuis le site de l'IEO Paris.

Cliquez ici pour lire ou télécharger le Dictionnaire languedocien-françois édition de 1756 E-Z de l'abbé de Sauvages (n°105 de la collection Documents pour l'étude de la langue occitane) depuis le site de l'IEO Paris.

jeudi 21 janvier 2016

La prononciation de l'occitanien dans la région d'Aurillac

Parue en 1904 dans la Revue de la Haute Auvergne, cette phonétique occitanienne constitue une des contributions les plus intéressantes de l'abbé Raymond Four, trop tôt disparu (mobilisé en 1914, il fait la guerre comme infirmier et meurt d'épuisement à l'hôpital de Troyes).  Raymond Four avait une vision claire de l'appartenance du parler aurillacois à l'occitan moyen occidental (appelé languedocien, parfois languedocien-guyennais). L'article se termine par un poème dédié à Arsèni Vermenosa, le principal illustrateur de ce parler aurillacois.


Ce volume inclut aussi la nécrologie de l'abbé Four, publiée en 1918 par la même Revue de la Haute Auvergne.

Les pages PDF ainsi extraites proviennent du site Gallica (Bibliothèque Nationale de France).

Cliquez ici pour lire ou télécharger la Phonétique occitanienne de Raymond Four (n°103 de la collection Documents pour l'étude de la langue occitane) depuis le site de l'IEO Paris.